Une coiffeuse qui a laissé en plan sa patronne en convalescence pour lancer un salon de beauté 600 mètres plus loin regrettera d’avoir signé une clause de non-concurrence: elle devra payer pour son manque de loyauté.

En avril 2014, Carmen Breault a été contrainte de fermer son salon de coiffure La Différence à Rawdon, après 25 années d’existence.

Carmen Breault
Propriétaire du salon La Différence

Les affaires avaient toujours été bonnes, jusqu’à ce qu’en juillet 2012, son employée, Geneviève Cyr, démissionne pour s’ouvrir un salon de beauté à quelques portes seulement du sien. Le juge Georges Massol, de la Cour du Québec, l’a condamnée à dédommager son ancienne patronne pour 36 000 $.

«[Mme Cyr] a manqué à son devoir de loyauté envers [Mme Breault]», indique le jugement récemment rendu public.

Geneviève Cyr
Propriétaire du salon Style et cie

D’autant plus qu’au moment où Geneviève Cyr a annoncé son départ, sans préciser la raison, Carmen Breault était en convalescence, se remettant d’importants soucis de santé.

Et peu après, son autre employée Amélie Caron lui a annoncé qu’elle partait aussi.

20 % de sa clientèle

Sans employé, Mme Breault aurait alors demandé à ses deux coiffeuses de la dépanner, au moins jusqu’à son retour au travail, quelques semaines plus tard.

Elles ont refusé, obligeant donc la patronne à manier les ciseaux un mois avant la date prévue.

Carmen Breault a alors constaté un taux d’absentéisme anormal de sa clientèle. Durant le mois suivant, seulement 30 clients sur 147 se sont présentés à leur rendez-vous, soit environ 20 %.

«Devant cette hécatombe, Mme Breault ferme temporairement. Elle est bouleversée, sidérée, ne comprend pas, ne sait plus quoi faire», peut-on lire dans le jugement.

Pendant ce temps, Geneviève Cyr a ouvert son nouveau salon de coiffure avec une amie. Or, la majorité des préparatifs avaient été faits alors qu’elle était toujours à l’emploi de Mme Breault: le choix du nom du nouveau salon, la confection de cartes professionnelles, l’achat de produits de coiffure ainsi que la sollicitation d’une partie de sa clientèle.

En cour, Mme Cyr a contesté la clause de non-concurrence «déraisonnable» qui lui interdisait de travailler en coiffure dans un rayon de 25 km de Rawdon pour un an.

«La réalité est que Mme Cyr savait très bien qu’en s’installant à moins de 600 mètres du salon [La Différence], et au surplus qu’une de ses collègues allait la suivre, cela affecterait nécessairement la survie du salon de Mme Breault», a tranché le juge Massol, notant que cette dernière a dû fermer définitivement son salon en 2014.

«C’est une belle victoire», s’est contentée de dire Me Marilène Tremblay, l’avocate de Carmen Breault, refusant de commenter davantage.

Geneviève Cyr a refusé de commenter.

Ce que le jugement dit

«[Cette affaire] illustre la légitimité, voire la nécessité, pour une entreprise [de coiffure] de se protéger pour ne pas se faire vider de sa clientèle qu’elle a bâtie au cours des années grâce à ses efforts, ses investissements et la prise de risque.»

«Même si elle n’en était pas l’instigatrice, elle a participé ou encouragé le départ d’Amélie Caron, l’autre coiffeuse et pilier de Breault, pendant son absence pour invalidité vers le nouveau salon établi à quelques mètres de distance.»

► Carmen Breault a aussi poursuivi Amélie Caron pour 15 000 $. La cause est en attente d’un jugement.

CRÉDIT: Le Journal de Montréal

Coiffeuse condamnée à payer 36,000$ pour sa déloyauté
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Cet article a été rédigé par Vanessa, la rédactrice en chef chez MesRallonges.com. Après avoir travaillé plusieurs années dans le domaine de la coiffure, elle s'est spécialisée dans le domaine des rallonges de cheveux et perruques. Dans son temps libre, Roxanne aime le volley-ball, la cuisine et la coiffure.

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